cent du dernier pont, et bientôt mari et femme, frères et sœurs, sont dans les bras l’un de l’autre. Le bateau emporte les provisions dont, au préalable, il a laissé le prix ; et au moment où le capitaine donne le signal du départ, l’heureuse famille rentre dans sa cabane. Le mari remet à sa bonne ménagère la bourse aux dollars, tandis que les frères présentent à leurs sœurs quelques jolis cadeaux qu’ils ont achetés pour elles. Ah ! que de tels instants dédommagent bien les pionniers de toutes leurs fatigues et de tous leurs maux !
Chaque année de réussite a augmenté leurs épargnes. Maintenant ils sont à la tête d’un beau troupeau de chevaux, de vaches, de porcs ; ils ont abondance de provisions et jouissent d’un vrai bien-être. Les filles ont épousé des fils de pionniers leurs voisins, et ont trouvé de nouvelles sœurs dans les femmes de leurs propres frères. Le gouvernement garantit à la famille les terres sur lesquelles, vingt ans auparavant, ils avaient campé dans la misère et la maladie. Des bâtiments plus spacieux s’élèvent sur des piliers qui les mettent à l’abri des inondations ; et jadis où il n’y avait qu’une seule cabane, on voit maintenant un joli village. Des magasins, des boutiques, des ateliers, accroissent l’importance de la place ; les pionniers vivent respectés, et quand l’heure en est venue, meurent regrettés de tous ceux qui les ont connus.
Ainsi se peuplent les vastes frontières de notre pays ; ainsi, d’année en année, la culture gagne sur les solitudes de l’Ouest. Un temps viendra, sans doute, où la grande vallée du Mississipi, couverte encore de forêts