Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/80

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carabine pour voler sur le théâtre de l’action ; mais quand on y arriva, les ours avaient entièrement disparu. La nuit ramena les chasseurs à la maison, et de grands éclats de rire furent la conclusion de l’affaire.

Je demeurai six semaines dans la grande forêt de pins (à proprement parler, ce n’est pas un marais), et j’y enrichis mon album de nombreux dessins. Cependant, il était temps de quitter la Pensylvanie pour suivre, vers le sud, les troupes de nos oiseaux émigrants ; je dis donc adieu à l’excellente femme de mon ami, ainsi qu’à ses enfants aux joues de rose, sans oublier le bon neveu. Pour Jediah, s’étant chargé de sa pesante carabine, il voulut absolument m’accompagner ; et, après une marche pénible, tout droit au travers des montagnes, nous arrivâmes à Mauch-Chunk à temps pour le dîner. Ce brave et généreux camarade, aurai-je jamais le plaisir de le revoir ?

À Mauch-Chunk où nous passâmes la nuit ensemble, je reçus la visite de M. White, l’ingénieur civil qui me pria de lui laisser examiner mes cartons. Les nouvelles qu’il me donna de mes fils, alors dans le Kentucky, augmentèrent encore mon impatience de les rejoindre ; et, longtemps avant qu’il ne fît jour, j’échangeais une cordiale poignée de main avec mon hôte de la forêt, et me trouvais en route pour la capitale de la Pensylvanie. Livré à mes réflexions, et n’ayant d’autre compagnon qu’une bise piquante et glaciale, je me demandais, tout en cheminant, comment il se pouvait faire que nos philadelphiens ignorassent, à ce point, l’existence d’un lieu tel que la grande forêt de pins, vers