Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/101

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son bau[1], son léger tirage, l’exactitude de sa ligne de flottaison, la propreté de ses flancs peints, le poli de ses mâts toujours soigneusement graissés, enfin la beauté de tous ses agrès. Nous fûmes accueillis à bord avec cette cordialité naturelle à nos loups de mer. Sur le pont régnaient l’ordre et le silence. Le commandant et le second nous conduisirent dans une cabine spacieuse, bien éclairée et fournie de tout ce qui pouvait être nécessaire à une quinzaine de passagers ou plus. Le premier me montra sa collection de coquilles marines ; et toutes celles que je n’avais pas encore vues et que je lui signalais, il me les offrait avec une amabilité telle, que je dus devenir plus circonspect dans mes démonstrations admiratives. Il possédait aussi plusieurs œufs d’oiseaux rares, qu’il me mit dans la main, en m’assurant qu’avant un mois il s’en serait aisément procuré de nouveaux, car, dit-il, « c’est maintenant pour nous la morte-saison sur les récifs ». On servit le dîner consistant en poisson, volailles et autres mets dont nous prîmes notre part. Ces deux officiers, l’un et l’autre des basses contrées de l’Est, étaient des hommes vigoureux, actifs, propres et même coquets dans leur tenue. En peu de temps nous fûmes tous ensemble comme de joyeux compagnons. Ils traitaient mon excursion aux Tortugas, rien que pour chercher des oiseaux, de caprice et de simple affaire de curiosité ; ce

  1. Beam, bau. Se dit des poutres qui sont posées dans le sens de la largeur du bâtiment, pour affermir les bordages et soutenir les ponts.