Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/117

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échappé à la gueule vorace des poissons et des tortues, commencent à être passablement gros ; les tuyaux leur poussent aux ailes, le corps se revêt de plumes ; mais aucun n’est encore en état de voler. Ils savent déjà se procurer la nourriture, en enfonçant la tête et le cou dans l’eau, ainsi qu’ils continueront de le faire par la suite ; à ce moment aussi, ils sont devenus bons pour la table, et leur chair est non moins délicate que savoureuse. Enfin, quand les feuilles commencent à changer de couleur, les jeunes Canards prennent librement l’essor, et c’est alors que les vieux mâles rejoignent le reste de la troupe.

Les pionniers du Mississipi en élèvent un grand nombre qu’ils prennent très jeunes, et qu’une année suffit pour apprivoiser entièrement. Les couvées qu’on en obtient sont supérieures même à celles des Canards sauvages, mais seulement pour la première ou la seconde année ; après quoi, elles dégénèrent et ne donnent plus que des Canards ordinaires. Les hybrides provenant de l’espèce sauvage et du Canard de Moscovie sont de grande taille et fournissent un manger excellent. Quelques-uns de ces métis restent plus ou moins vagabonds, ou même redeviennent tout à fait sauvages. Certaines personnes les regardent comme formant une espèce distincte. À l’état domestique, ils produisent aussi avec la macreuse et le chipeau[1] ; et ce dernier accouplement donne naissance à un très beau métis, qui retient les pieds jaunes ainsi que le

  1. Anas strepera.