Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/12

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par un autre qui vient, à son tour, fendre l’air devant lui ; peut-être aussi que son père ou sa mère se tient un instant à ses côtés et l’encourage. Deux ou trois jours s’écoulent avant qu’ils atteignent un lieu où ils puissent se reposer sans rien craindre. La graisse dont ils étaient chargés au départ s’est épuisée rapidement ; ils sont fatigués et sentent le dur aiguillon de la faim. Cependant ils viennent d’apercevoir un vaste golfe et prennent leur vol dans cette direction. À peine descendus sur l’eau, ils nagent vers la côte, s’y arrêtent et regardent autour d’eux : les jeunes sont pleins de joie ; les vieux, remplis d’inquiétude, car ils savent trop, par expérience, combien d’ennemis guettent depuis longtemps leur arrivée. Toute la nuit se passe en silence, mais non dans l’inaction. Tremblants, ils se hasardent parmi les herbes du rivage, pour apaiser les premiers besoins de la faim, et refaire un peu leurs forces ; et dès que l’aurore commence à briller sur l’abîme, ils repartent, leurs lignes étendues, et voyagent ainsi jusqu’à ce qu’ils trouvent une station où ils espèrent vivre convenablement tout l’hiver. Enfin, après mille tourments et des pertes cruelles, ils ont joyeusement salué le retour du printemps, et se préparent à quitter des bords inhospitaliers et à se renvoler loin des embûches de l’homme, leur plus redoutable ennemi.

L’Oie du Canada paraît dans nos États du centre et de l’ouest, souvent dès le commencement de septembre, et ne se confine nullement au bord de la mer. Je dirais plutôt, au contraire, que pour chaque centaine qu’on