Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/124

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au-dessus de la ligne des plus hautes eaux ; et là, il fait une espèce de trou dans lequel il dépose ses œufs. Au Labrador, comme à la baie de Fundy, il pond à nu sur le roc. Lorsque les œufs sont sur le sable, rarement les couve-t-il, tant que le soleil est chaud ; mais au Labrador, je l’ai vu couver aussi assidûment qu’aucun autre oiseau ; nouvelle preuve de la différence extraordinaire de mœurs qui peut résulter, dans une même espèce, de la seule différence du climat. Celle-ci me frappa tellement, que j’en étais à me demander si les individus chez lesquels elle se rencontre pouvaient bien appartenir à la même espèce ; et mon doute ne cessa que lorsque m’étant procuré deux spécimens pris dans la saison des œufs, l’un au Labrador, l’autre dans nos États du centre, je me fus convaincu, par le plus minutieux examen, qu’ils étaient, en effet, tous deux parfaitement identiques. Mais, quelle que soit la latitude, j’ai toujours remarqué que l’Huîtrier choisit de préférence les endroits où le flot rejette des débris de coquillages ou des graines et des herbes marines, comme plus sûrs pour ses œufs qui, de fait, n’y sont pas très faciles à trouver. Il n’en pond que deux ou trois, ayant un peu plus de deux pouces de long sur un pouce et demi de large. Ils ressemblent, pour la forme, à ceux de la poule domestique, et sont d’une couleur de crème pâle, marqués presque également partout de points, les uns d’un noir brunâtre, les autres plus clairs. Lors même qu’il ne les couve pas, l’Huîtrier veille sur eux avec tant de sollicitude, qu’à la vue seule d’un ennemi, il pousse le cri d’alarme et s’envole en