Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/137

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et allongeant les pieds, elles s’abattent, ayant soin de faire quelques pas en courant, pour amortir la violence du choc.

Maintenant elles se secouent bruyamment et rajustent leur plumage. Fiers de la beauté de leurs formes, plus fiers encore de leur vol si puissant, voyez-les, ces majestueux oiseaux, fouler les herbes flétries et marcher à pas comptés, de l’air imposant d’un chef superbe. Ils portent haut la tête, leurs yeux brillent de plaisir : c’est que le grand voyage est fini ; c’est qu’ils sont de retour au pays bien connu que si souvent ils ont visité, et où ils vont, sans perdre de temps, se préparer pour passer l’hiver.

Ces Grues arrivent dans les États de l’Ouest vers le milieu d’octobre ou le commencement de novembre, par troupes de vingt à trente individus, et quelquefois en nombre double ou triple, les jeunes se tenant à part, mais suivis de près par leurs parents. Elles se répandent depuis l’Illinois, en franchissant le Kentucky et tous les États intermédiaires, jusqu’aux Carolines, aux Florides, à la Louisiane et même aux frontières du Mexique. C’est dans ces diverses contrées qu’elles doivent séjourner pendant l’hiver, attendant, pour repartir, d’ordinaire le milieu d’avril, ou les premiers jours de mai. On les trouve au bord des vastes étangs où abondent de hautes herbes, sur les champs et les savanes, tantôt au milieu des bois ou dans les marécages d’une grande étendue. L’intérieur des terres et le voisinage des rives de la mer leur conviennent également bien, aussi longtemps, du moins, que la tem-