Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/138

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pérature s’y maintient assez élevée ; mais dans les États du centre, on en voit rarement ; et à l’est, on ne les connaît pas. En effet, toutes leurs migrations s’accomplissent par le milieu des terres, et c’est ainsi qu’elles quittent et regagnent leurs retraites du nord où, dit-on, elles nichent et passent l’été. Pendant qu’elles émigrent, elles semblent voyager de nuit comme de jour, car très souvent je les ai vues le jour et entendues la nuit, tandis qu’elles se rendaient à leur destination. Que le temps soit calme, ou la tempête déchaînée, peu leur importe ; la force de leurs ailes leur permet de se jouer des caprices du vent. J’en ai vu qui précipitaient leur vol au milieu de l’ouragan le plus furieux, et se dirigeaient tantôt haut tantôt bas, avec une dextérité surprenante. Parfois, les membres d’une même troupe se forment en triangle aigu ; ou bien ils volent en longue file, puis se mêlent confusément ou s’alignent sur un front étendu ; mais quel que soit l’ordre qu’ils gardent en avançant, chaque oiseau fait entendre tour à tour sa note sonore, qu’il répète de la même manière en cas d’alarme. Tant qu’ils restent avec nous, c’est également toujours par troupes qu’on les rencontre.

Maintenant, lecteur, permettez-moi de me reporter à mon journal, d’où j’extrairai, relativement à ce remarquable oiseau, certains détails que, je l’espère, vous ne jugerez pas sans intérêt.

Louisville, État de Kentucky, mars 1810. — J’ai eu le plaisir de conduire Alex. Wilson à quelques étangs éloignés de plusieurs milles de la ville, et là, je lui ai montré nombre d’oiseaux de cette espèce dont jusqu’ici