Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/146

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même branche. D’abord, ils emploient une demi-heure à s’arranger les plumes, et pendant ce temps restent tout droits ; ensuite, ils s’accroupissent sur la branche, à la manière du dindon sauvage, et quand ils sont dans cette posture, on en tue quelquefois au clair de lune. Ceux qui se retirent dans les plantations, au voisinage des grands marais couverts de hautes herbes, de queues de chat[1] et autres plantes, s’établissent pour la nuit, sur quelque monticule où ils se tiennent sur une seule jambe, ayant l’autre ramenée sous le corps, et la tête cachée par les plumes de l’épaule. Au matin, lorsqu’ils se renvolent, plus ou moins tôt, selon le temps, ils crient comme d’habitude, mais d’une voix sourde et beaucoup moins forte. S’il fait froid, et que le ciel soit clair, ils repartent de très bonne heure ; mais quand il fait chaud et qu’il pleut, ils n’abandonnent leur retraite que tard dans la matinée. Au soir, leurs mouvements sont déterminés par les mêmes circonstances. Pour s’enlever de terre, ils font quelques pas en courant, volent bas, pendant trente ou quarante mètres ; puis montent, en décrivant des cercles qu’ils mêlent et confondent de toutes les manières, comme c’est l’habitude pour les vautours, les ibis et d’autres oiseaux. Si on les surprend, et qu’on tire dessus, ils poussent alors des cris perçants que je ne puis comparer au son d’aucun instrument que je connaisse. Je les ai entendus d’une distance de trois milles, au commencement du prin-

  1. Cat’s-tail. C’est le Typha ou Massette, qu’on appelle aussi queue de renard.