Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/173

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Deux heures après, je prenais mon fusil, enfourchais le coursier de la prairie et partais pour les bois. Je ne fus pas longtemps sans m’apercevoir qu’il était très sensible à l’éperon ; j’observai de plus qu’en effet il marchait parfaitement sans se fatiguer et sans incommoder son cavalier. Je voulus de suite m’assurer de ce que je pourrais en attendre dans une chasse au daim ou à l’ours, en le faisant sauter par-dessus une souche de plusieurs pieds de diamètre. Je lui rendis les rênes, pressai ses flancs de mes jambes, sans employer l’éperon ; et l’intelligent animal semblant comprendre qu’il s’agissait pour lui de faire ses preuves, bondit et franchit la souche aussi légèrement qu’un Élan. Je tournai bride, le fis sauter plusieurs fois de suite, et toujours j’obtins même résultat. Bien convaincu maintenant qu’avec lui je n’aurais à craindre aucun obstacle de ce genre à travers les bois, je résolus d’éprouver sa force, et pour cela me dirigeai vers un marais, que je savais bourbeux et très difficile. Il entra dedans en flairant l’eau, comme pour juger de sa profondeur, ce qui indiquait une prudence et une sagacité qui me plurent. Ensuite, je le conduisis en différents sens tout au travers, et le trouvai prompt, sûr et décidé. Sait-il nager ? me demandai-je ; car il y a d’excellents chevaux qui ne savent pas nager du tout, mais qui se couchent sur le côté, comme pour se laisser flotter au courant, de sorte qu’il faut que le cavalier lui-même se mette à la nage en les tirant vers la rive, si mieux il n’aime les abandonner. L’Ohio n’était pas loin ; je le poussai au beau milieu de la rivière, et il commença à prendre