Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mité est du Maine. Les rivages ouest du Labrador, sur une étendue d’environ trois cents milles, leur offrent des retraites où ils passent le printemps et l’été ; aussi abondent-ils dans ces parages, et c’est là que je les ai bien étudiés.

Les jeunes, lors de leurs migrations d’hiver, ne dépassent pas, autant que j’ai pu l’observer, le milieu de la côte orientale des Florides. Dans l’hiver de 1831, à Saint-Augustin, j’en vis plusieurs couples en société avec les jeunes du pélican brun ; mais plutôt par intérêt que par amitié, car ils leur donnaient fréquemment la chasse, comme pour les forcer, ainsi que fait le stercoraire envers les petites espèces de mouettes, à dégorger une partie du produit de leur pêche ; toutefois je dois le dire, cette tentative de piraterie n’était suivie d’aucun succès. Ils étaient excessivement farouches, ne se posaient jamais qu’à l’extrémité des bancs de sable les plus reculés, et ne se laissaient pas approcher. Dès qu’ils voyaient l’un de nous se diriger vers eux, ils ne manquaient jamais de gagner, en marchant, la dernière pointe hors de l’eau, puis s’envolaient, et ne songeaient à se reposer que lorsqu’on ne les voyait plus. Je ne puis dire à quelle époque ils quittèrent cette côte. On en trouve quelques-uns de répandus au long de la mer, depuis les Florides jusqu’aux États du centre, et dans ce nombre très peu de vieux oiseaux. L’espèce ne devient commune qu’au delà des limites du Connecticut et de Long-Island, mais plus loin le nombre en augmente rapidement à mesure qu’on avance. Sauvages et défiants, sur toute cette immense surface de mers et