Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/214

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de le revoir. À la fin pourtant, il revint. — Autre note de mon journal : Dimanche, 6 janvier 1833, le grand Goëland s’est montré de nouveau sur l’étang du moulin pour la onzième année, si je ne me trompe. Dans les premiers temps, il arrivait en octobre, et je l’ai cru mort ou tué. Il a reconnu ma voix, et s’est mis, comme toujours, à planer au-dessus de ma tête. — La dernière mention est celle-ci : 11 mars 1835, le grand Goëland était ici hier, on ne l’a pas revu aujourd’hui, et je ne l’attends plus qu’en novembre.

Ce Goëland a souvent attiré l’attention des personnes qui passaient par le village de Canonmills, et qui s’étonnaient de le voir voler presque à ras de terre, bien que porté sur d’aussi grandes ailes. Les enfants du village ne le connaissaient que sous le nom de Goëland de Neil ; et plus d’une fois, m’a-t-on dit, ils lui ont sauvé la vie, en racontant aux chasseurs étrangers les détails de son histoire. Tout d’abord, quand il arrive en automne, il commence par tourner plusieurs fois autour de l’étang et du jardin ; puis il descend peu à peu et se pose doucement vers le milieu de l’étang. Le jardinier n’a qu’à monter sur le mur du jardin, avec un poisson dans la main, l’oiseau tout de suite gagne les branches avancées de quelque gros saule, d’où il reçoit ce qu’on lui jette, plutôt que de le laisser tomber à l’eau. Il ne peut y avoir aucune espèce de doute relativement à son identité ; il reconnaît trop bien ma voix, quand je crie tout haut « gull, gull[1]  » ; et, qu’il soit en l’air ou sur l’eau, il s’approche immédiatement.

  1. Goëland, Goëland.