Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/227

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à l’abri des poursuites de leurs ennemis ; et pour passer la nuit, si peu longue en cette saison, ils se perchaient, serrés l’un contre l’autre, sur quelque roc solitaire, dont les bateaux ne pouvaient que difficilement approcher. Au 1er août, il restait à peine un Eider sur la côte du Labrador ; les jeunes alors étaient en état de faire usage de leurs ailes, les vieux avaient presque entièrement terminé leur mue ; et tous, ils se dirigeaient vers le sud.

À présent que je vous ai donné quelque idée des migrations et des mœurs propres à ces oiseaux, depuis le commencement du printemps jusqu’à la fin de l’été, je continue, ayant mon journal sous les yeux, et la mémoire rafraîchie par mes notes. Puissent les détails qui vont suivre vous inspirer le désir d’aller vous-même en recueillir de nouveaux dans d’autres parties du monde !

D’ordinaire, l’Eider arrive sur les côtes de Terre-Neuve et du Labrador vers le 1er mai, une quinzaine avant que les eaux du golfe de Saint-Laurent soient libres de glaces. On n’y en voit aucun durant l’hiver ; et les rares habitants de ces contrées saluent avec joie leur apparition, parce qu’elle leur annonce le retour de la saison nouvelle. À ce moment, ils passent en longues files, quelques pieds seulement au-dessus de la glace ou de la surface des eaux, longeant les rives élevées, et le bord des baies intérieures et des îles, comme s’ils cherchaient à retrouver les lieux où ils ont niché, ou peut-être ceux dans lesquels l’année précédente ils sont eux-mêmes éclos. Ils se tiennent alors par couples,