Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/226

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plongèrent de nouveau, et nous ne les revîmes plus ; tandis que, de leur côté, les mères rassurées prirent l’essor, et passant par-dessus les montagnes, se dirigèrent vers la mer d’où nous étions éloignés au moins d’un mille. Maintenant, comment les deux couvées s’y prendraient-elles pour les rejoindre ? C’est là ce que je ne pouvais nullement comprendre alors, mais ce qui me fut expliqué dans la suite, comme vous le verrez plus bas. — Le 9 juillet, pendant une promenade du soir, je vis des troupes de femelles qui n’avaient point de petits. Elles étaient en pleine mue, tout près de la rive, dans une baie. Je m’imaginai que c’était des oiseaux stériles. En revenant au vaisseau, le capitaine et moi, nous fîmes partir une femelle à plus de cent mètres de l’eau, de dessus un gros rocher plat où nous trouvâmes son nid reposant à nu sur la pierre, sans qu’il y eût une seule feuille d’herbe à cinq mètres aux environs. Il était, comme d’ordinaire, d’une forme grossière et massive, et contenait cinq œufs profondément enfoncés dans le duvet. Elle voltigea sans s’éloigner, autour de nous ; et en nous retirant, nous eûmes le plaisir de la voir se poser, marcher vers son nid, et se remettre dessus.

Les mâles, pendant ce temps, se tenaient à part, en bandes nombreuses, et se retiraient en mer sur des îles éloignées. C’est à peine s’ils pouvaient voler ; mais ils allaient facilement d’une île à l’autre en nageant. Au contraire, un mois avant la mue, nous les voyions soir et matin voler de place en place, autour des îles les plus reculées où ils étaient