Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/239

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auquel nous avions contribué pour notre part, grâce au poisson de la rivière, mon fils et moi nous prîmes notre chemin par les côtes de Cash-Creek où, quelques années auparavant, j’avais été retenu plusieurs semaines par les glaces. Nous couchâmes à la taverne, et le lendemain, nous disposant à repartir, nous fûmes rejoints par nos compagnons ; mais il était plus de midi quand nous traversâmes la crique.

L’un de nos camarades de route, nommé Rose, d’une complexion délicate et d’une tournure distinguée, s’avoua tout d’abord pour un mauvais marcheur, et dit qu’il était bien aise que mon fils fût avec nous, car il pourrait, du moins, aller de pair avec lui. L’autre, un individu gros et fort, était déjà parti en avant. Nous marchions à la file, à la manière des Indiens, le long d’un étroit sentier frayé au milieu d’un champ de cannes ; puis, nous traversâmes des terrains couverts de piles de bois, à la suite desquels nous entrâmes dans la forêt brûlée. Ici, nous rencontrâmes tant de souches et de ronces, qu’il nous parut préférable de prendre au long de la rivière dont nous suivîmes le cours sur un banc de petits cailloux, mon fils tantôt marchant à l’avant-garde, tantôt restant en arrière ; enfin, nous atteignîmes America, village très agréablement situé, mais d’un difficile accès. Nous nous arrêtâmes à la meilleure auberge, comme devrait le faire tout voyageur, soit à pied, soit à cheval ; car là, du moins, on est sûr d’être bien traité, sans pour cela payer plus cher. Avant de repartir, nous établîmes M. Rose pour notre trésorier. Nous avions fait dix milles