Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par des sentiers escarpés et raboteux, lorsque nous regagnâmes la rivière. Après sept autres milles non moins pénibles, nous trouvâmes une maison près du bord, où nous résolûmes de passer la nuit. La première personne qui s’offrit à nous fut une femme cueillant du coton dans un petit champ. Nous l’abordâmes en lui demandant si elle ne pourrait pas nous recevoir dans sa cabane. — Très volontiers, répondit-elle ; et j’espère que vous voudrez bien vous contenter du peu qui nous suffit pour vivre, à mon mari et à moi. Pendant qu’elle rentrait au logis pour préparer le souper, je pris, avec M. Rose et mon fils, le chemin de la rivière, sachant qu’un bain nous ferait beaucoup de bien. Quant à l’autre camarade, il refusa de nous suivre, et s’étendit sur un banc devant la porte. Le soleil allait se coucher ; des milliers de robins[1] fendaient l’air, se dirigeant vers le sud ; l’atmosphère était calme et pure ; devant nous s’étendait l’Ohio, comme un miroir poli : et ce fut avec un indicible sentiment de plaisir que nous nous élançâmes au milieu des ondes. Bientôt le brave homme de la hutte nous appela pour souper ; et en trois sauts nous l’eûmes rejoint. C’était un grand gaillard sec et osseux, avec une bonne figure bronzée par le soleil. Après notre frugal repas, nous nous couchâmes tous quatre sur un large lit étendu par terre, tandis que l’honnête couple se retirait au grenier.

Notre hôte, comme nous le lui avions recommandé, nous réveilla à la pointe du jour et nous dit que, sept

  1. Grive erratique, ou Litorne du Canada.