Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/278

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saient d’un blanc dont la pureté contrastait agréablement avec le bleu foncé de la mer. Ils flottaient légers sur les ondes, où les uns se jouaient avec aisance, tandis que d’autres semblaient profondément endormis. La plupart avaient les plumes des ailes et de la queue en mauvais état, comme déchirées, et plusieurs étaient enduits d’une sorte de graisse qui leur donnait un aspect sale et déplaisant. Ceux que l’on prit, étant blessés, rendirent par les narines et dégorgèrent quantité de matière huileuse ; mais ils ne cherchaient pas à mordre, ce qui peut sembler étonnant de la part d’oiseaux armés d’un bec crochu aussi fort. Leur vol est beaucoup moins gracieux que celui des puffins, et c’est toujours en droite ligne, et sans s’élever, qu’ils se dirigent vers la proie.

Je fus très désappointé en ne trouvant pas le Fulmar sur les rochers du Labrador, où j’avais d’autant mieux espéré d’en voir, qu’au printemps, lorsqu’ils remontent vers le Nord, ils ne manquent jamais de passer par longues files en face l’entrée des détroits de Belle-Île. Leur retour des régions arctiques a été observé par le capitaine Sabine, sur la côte du Groënland : « Du 23 juin au 31 juillet, dit-il, pendant que nos vaisseaux étaient retenus dans les glaces, par le 71e degré de latitude, les Fulmars ne cessèrent de passer, en regagnant le Nord, par troupes qui ne le cédaient en nombre qu’à celles du pigeon voyageur, quand il parcourt les divers États de l’Amérique. » Lors de mon excursion au Labrador, on m’assura qu’ils nichaient sur les îles du Veau-Marin, au large de l’entrée de la baie de