Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/31

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l’aube, il commence à entrevoir les Oies ; il tire, plusieurs restent sur place ; mais une, qu’il a bien blessée, s’envole et va s’abattre dans la chute indienne. Neptune saute après : déjà le terrible courant l’entraîne lui-même ; alors le chasseur siffle son cheval, qui, les oreilles dressées, accourt au galop. Il l’enfourche, s’élance avec lui au milieu des flots perfides, d’une main saisit le gibier, de l’autre soutient son chien ; et après de longs efforts, le cavalier et le cheval parviennent à mettre le pied sur la rive indienne. Tout autre que cet homme, dont je ne fais que vous rapporter fidèlement les moindres exploits, y eût depuis longtemps péri ; mais s’il affronte ainsi la fatigue et le danger, c’est bien moins pour le profit en lui-même, que pour le plaisir que trouve son excellent cœur à distribuer son gibier entre les nombreux amis qu’il s’est faits à Louisville.

Dans l’est, c’est autre chose, les chasseurs tuent les Oies pour le gain, et s’y prennent d’une façon différente. Quelques-uns les attirent au moyen d’oies artificielles ; d’autres, avec des oies véritables. Ils restent en embuscade souvent des heures de suite, et en détruisent un nombre immense à l’aide de leurs fusils, d’une longueur démesurée ; mais comme cette chasse n’offre guère d’agrément, je n’en parlerai pas davantage.

Dans ces contrées, l’Oie du Canada se nourrit principalement d’une herbe longue, à feuilles linéaires, l’algue marine, et en même temps d’insectes aquatiques et de petits crustacés, genre d’aliment qui lui fait perdre en partie l’agréable saveur qu’a sa chair, lorsqu’elle ne vit que de plantes d’eau douce, de blé et