Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/30

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mise d’un blanc de neige, et quelque attentif que je sois à observer ses mouvements, je reste convaincu qu’il est impossible de les suivre, même pour l’œil perçant de l’Oie qui se tient en sentinelle. Pan ! pan ! fait son grand fusil, et la troupe, en désarroi, s’enlève, gagnant de mon côté. Dès que je les vois à portée, je me mets debout : les Oies éperdues piquent droit en l’air ; je presse l’une après l’autre mes détentes, et l’aile brisée, déjà morts, deux de ces oiseaux viennent lourdement tomber à mes pieds. Ah ! que n’avons-nous d’autres fusils ! Cependant, pour cet étang-ci, il n’y faut plus songer. Nous ramassons notre butin, retournons à nos chevaux, attachons ensemble par le cou oies et canards, et les jetant de travers sur nos selles, repartons pour une nouvelle expédition : de cette manière se continue la chasse, jusqu’à ce qu’enfin nous ayons assez tué d’Oies pour ne plus les compter.

Une autre fois, mon ami, seul pour le moment, se dirige vers les chutes de l’Ohio, et comme de coutume atteint le bord du fleuve, longtemps avant le jour. Son cheval, bien dressé, plonge au milieu des tourbillons du rapide courant, et parvient, non sans peine, à déposer son intrépide cavalier sur une île où il prend terre, tout mouillé et transi. Le cheval sait ce qu’il a à faire aussi bien que son maître ; et pendant que l’un broute aux environs et tâche d’attraper quelque gueulée d’herbe que la gelée a durcie, celui-ci s’approche tout doucement d’une pile de bois flotté qu’il savait être là, et se cache dedans. Son fameux chien Neptune est à ses talons. Enfin, à la lueur incertaine et grisâtre de