Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/327

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En quelques minutes, tous les fusils étaient prêts à bord, et plusieurs oiseaux tombaient bientôt autour de nous. Ceux que le plomb n’avait pas atteints continuèrent de planer au-dessus de leurs camarades morts ou mourants, de sorte que nous pûmes en tuer un très grand nombre. En examinant le premier qui fut ramassé sur l’eau, je reconnus de suite, au jaune qui lui recouvrait la pointe du bec, qu’il différait de tous ceux que j’avais vus jusqu’ici ; et dans ma joie je m’écriai : Une prise, une prise ! un nouvel oiseau pour la faune d’Amérique ! Cela était vrai, cher lecteur, car personne, avant moi, n’avait encore trouvé le Sterne Sandwich sur aucune partie de nos côtes. On en remplit un grand panier ; puis nous continuâmes notre route. J’en ouvris plusieurs et trouvai, dans les femelles, des œufs prêts à être pondus. Chez les mâles aussi, je distinguai les symptômes bien connus qui indiquent le renouvellement des fonctions sexuelles ; j’avais grande envie de découvrir le lieu où ils nichaient, et cette jouissance, quelques jours plus tard, me fut accordée.

Je prenais plaisir à considérer la vigueur et l’activité de cet oiseau, quand il est sur ses ailes. Son vol est plus puissant que celui du Sterne des marais, son proche allié ; ses battements d’aile sont courts et réguliers, comme ceux du pigeon voyageur, lorsque seul et loin de ses compagnons il s’avance, avec un redoublement de vitesse, pour les rejoindre. Quand il plonge après de petits mulets et autres poissons de moindre taille, qui composent le fond de sa nourriture, il darde perpendiculairement en bas, avec toute la force et l’agilité