Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/330

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
NATCHEZ EN 1820.


Par une claire et froide matinée de décembre, porté sur mon bateau plat, j’approchais de la ville de Natchez. Les rivages du Mississipi étaient bordés d’une foule d’embarcations de toute espèce chargées des différents produits de l’Ouest ; et c’était entre elles un mouvement et un tumulte tels que ceux des grandes foires où chacun ne pense qu’à s’assurer l’avantage de la place la plus favorable et du meilleur marché. Cependant la scène était loin d’avoir pour moi tout son charme, car j’étais encore « au pied de la montagne » ; mais en m’éloignant de la basse ville, je ne tardai pas à découvrir les rochers sur lesquels est bâtie la ville proprement dite. D’innombrables vautours, les ailes toutes grandes ouvertes, rasaient la terre, en cherchant leur nourriture ; çà et là des pins énormes et de superbes magnolias élançaient vers le ciel leurs cimes toujours vertes ; tandis que, sur l’autre rive, s’étendaient de vastes terrains d’alluvion, et qu’à l’horizon, pour dernière perspective, se déployait un rideau d’épaisses forêts. À chaque moment, des steamers sillonnaient les eaux du large fleuve ; dans l’éloignement, les rayons du soleil produisaient les effets de lumière les plus variés ; et tout en suivant du regard les évolutions de