Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/331

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l’aigle à tête blanche qui donnait la chasse à l’orfraie, ma pensée remontait vers le Tout-Puissant, auteur de mon être, et j’admirais ses voies merveilleuses.

Avant de prendre terre, j’avais remarqué plusieurs moulins à scie bâtis sur des fossés ou d’étroits canaux le long desquels l’eau descendait des marais de l’intérieur vers le fleuve, et qui servaient à faire flotter le bois de construction jusqu’au rivage. J’appris dans la suite qu’un seul de ces établissements temporaires avait donné, en une seule saison, un profit net d’environ six mille dollars.

Les environs de Natchez sont très pittoresques, et la basse ville offre, avec la haute, un contraste des plus remarquables. Dans la première, les habitations n’ont rien de régulier, mais sont généralement construites en bois provenant des bateaux plats hors de service, et disposées en rangs qui indiquent l’intention de former une longue rue. La population présente un mélange qu’il m’est impossible de décrire. Des centaines de charrettes et autres véhicules cahotaient, avec leurs charges, au long de la pente qui sépare les deux villes ; mais, lorsque par une rude montée, j’eus gagné le sommet, j’oubliai ma fatigue en me trouvant au milieu d’une avenue de ces beaux arbres qu’on appelle ici l’orgueil de la Chine[1]. Dans la haute ville, les rues étaient toutes tirées à angle droit et passablement garnies de maisons en briques ou en planches. La richesse et la fertilité du pays m’étaient indiquées par des tas de

  1. Des pawlonias et des catalpas.