Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/336

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fait le sujet de cet article, et dont je ne crois pas qu’aucune description ait encore été donnée. Le second jour de mon arrivée, n’ayant pu l’accompagner, parce que j’étais pressé de finir un dessin, je le vis revenir avec deux jeunes Hérons en vie et un autre mort dans un nid qu’il s’était procuré en faisant abattre le manglier sur lequel ils étaient. Figurez-vous ma joie : du premier coup d’œil j’avais reconnu qu’ils appartenaient à une espèce toute nouvelle pour moi ! Les deux qu’il m’apportait vivants étaient d’un beau blanc, avec une légère teinte jaune-crème, et paraissaient remarquablement gras et forts pour leur âge, qui, au dire de notre digne pilote, ne remontait pas à plus de trois semaines. Le corps du troisième était en putréfaction et beaucoup plus petit. On eût dit que, par mégarde, les parents l’avaient étouffé en marchant dessus ; du moins son corps était tout aplati et couvert d’ordures. Je plaçai le nid, avec les deux restés en vie, dans la cour. Ces jeunes Hérons ne semblaient nullement effrayés lorsque quelqu’un s’approchait d’eux ; et néanmoins, dès qu’on étendait la main dans leur direction, ils cherchaient à donner de bons coups de bec. J’avais un chien de Terre-Neuve, parfaitement dressé, d’un instinct sûr et d’humeur très paisible ; je le sifflai pour essayer : en l’apercevant, les oiseaux se dressèrent à moitié sur leurs jambes, et les plumes hérissées, les ailes étendues, le bec ouvert, firent claquer leurs mandibules d’un air menaçant, sans toutefois chercher à quitter le nid. Je fis approcher mon chien de plus près, en lui défendant de leur toucher : ils le laissèrent venir à portée ; puis,