Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/337

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

soudain, le plus gros lui détacha un violent coup de bec et se suspendit à son nez. Mais Platon était trop brave pour ne pas prendre la chose en bonne part ; il se contenta de m’apporter l’irascible oiseau, que j’empoignai par les ailes, en lui faisant lâcher prise. Après quoi, notre champion se mit à marcher d’un air tranquille, fier comme pas un de sa tribu ; et je l’avoue, je fus charmé de le savoir doué de tant de courage.

Le 26 du même mois, M. Thruston nous prit, mes compagnons et moi, dans sa belle barge, pour nous conduire à quelques îles sur lesquelles les cormorans de la Floride nichaient en grand nombre. Avant d’arriver, nous aperçûmes deux jeunes Hérons blancs, de haute taille, qui reposaient dans leur nid. J’avais grande envie de les prendre vivants ; toutefois un malencontreux coup de fusil que tira l’un de nous, les fit se jeter à l’eau. Ils étaient, me dit-on, très capables de voler, mais probablement n’avaient encore point vu de figures humaines. En cherchant, ce même jour, des nids de la tourterelle Zénaïde, nous fîmes rencontre d’un autre jeune Héron de l’espèce dont je parle, et qui se promenait, parmi les mangliers, au bord de l’île où nous étions. Immédiatement nous nous mîmes à sa poursuite ; et vous eussiez ri de nous voir, bien que nous-mêmes n’eussions guère été d’humeur de nous associer à votre gaieté : imaginez-vous sept ou huit personnes aux trousses d’un pauvre oiseau qui, le cou tendu, jouant des ailes et des jambes, se dépêchait tant qu’il pouvait, au milieu des arbres et des broussailles. À la fin, j’étais tellement impatienté, que, malgré tout mon désir de l’avoir vivant, je fus