Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/345

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de vase et de sable, à distance des îles où ils nichent et reviennent passer la nuit. Je crois pouvoir dire, autant du moins que mes observations m’y autorisent, que ce sont des oiseaux diurnes ; et cette opinion est corroborée par le témoignage de M. Egan, homme dont on ne peut trop estimer le sens droit, l’esprit juste et la sagacité. Quand ils sont sur ces bancs, ils restent immobiles, sans faire presque jamais un pas vers la proie, mais attendant qu’elle-même vienne à portée, pour lui détacher un grand coup de bec et l’avaler tout entière. Cependant, lorsqu’elle leur paraît trop grosse, ils la battent sur l’eau, la secouent violemment, et ne cessent de la mâchonner et de la mordre. Jamais ils ne quittent la place, qu’ils n’en soient chassés par la marée ; et même ils y demeurent jusqu’à ce que l’eau leur monte au ventre. Ils sont très méfiants ; et bien que revenant souvent se percher sur les mêmes îles, ils se reposent presque à chaque fois sur des arbres différents ; quand on les trouble par trop, ils s’en vont tout à fait, ou du moins pour plusieurs semaines. Étant perchés, ils se tiennent généralement sur un pied, tandis que l’autre est retiré sous le corps. Jamais ils ne se mettent, comme les Ibis, à plat sur la branche ; néanmoins ils rentrent le cou et se cachent la tête sous l’aile.

Dans une troupe qui gardait, pendant le jour, cette attitude endormie, j’ai souvent remarqué avec surprise un ou plusieurs individus se tenant le cou tendu, l’œil aux aguets, et qui soudain s’élançaient, à la vue d’un marsouin ou d’un requin donnant la chasse à quelque poisson ; l’approche d’un homme ou d’un bateau sem-