Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/346

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blait les troubler, et cependant on me dit que jamais personne ne songeait à les poursuivre. Si on les surprend ils s’enlèvent en poussant de rauques croassements, et fuient, en droite ligne, à de grandes distances, mais sans entrer dans l’intérieur des terres.

Le vol du grand Héron blanc est ferme, régulier et bien soutenu ; ses ailes battent lentement et par intervalles égaux ; bientôt sa tête s’abaisse sur le corps, et ses jambes s’allongent en arrière, comme c’est l’habitude des autres Hérons. Parfois il s’élève au haut des airs, où il plane en décrivant de larges cercles ; ce qu’il fait toujours, lorsqu’il va pour se poser, à moins qu’il ne veuille s’abattre, pour manger, sur un terrain où déjà se sont établis d’autres individus de son espèce. Il est vraiment étonnant qu’un oiseau doué d’une telle puissance de vol ne visite jamais la Géorgie ou les Carolines, et ne passe pas sur le continent. Lorsque, vers le milieu du jour, vous les voyez réunis sur les lieux où ils ont coutume de chercher leur nourriture, ils semblent ainsi, dans le lointain, avoir presque doublé de taille ; et réellement leur apparence est très singulière. On ne peut guère en tuer qu’avec du plomb à daim, et c’est de celui-là que nous nous servions toujours.

En quittant la clef de l’Ouest pour revenir à Charlestown, j’emportai deux jeunes qui avaient été confiés aux soins du docteur Strobel ; et ce dernier m’assura que, par jour, ils consommaient de nourriture plus pesant qu’eux. J’en avais aussi deux en vie de l’Ardea herodias. Quand ils furent à bord, je les mis tous quatre ensemble, dans une très grande cage ; mais bientôt je fus