Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/347

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obligé de les séparer, car les blancs refusaient d’aller d’accord avec les cendrés, et même les auraient infailliblement tués. On leur accordait la liberté de se promener pendant quelques minutes sur le pont, et ils employaient ce temps à maltraiter ceux des espèces moins fortes, par exemple, les petits de l’Ardea rufescens, de l’Ardea ludoviciana ; et quelquefois ils les transperçaient du premier coup et les avalaient tout entiers, bien qu’ils fussent eux-mêmes abondamment approvisionnés de chair de tortue. Aucun homme de l’équipage ne put jamais réussir à s’en faire bien venir.

À la clef Indienne, je retrouvai ceux que j’avais laissés avec M. Egan, dans un état de santé excellent, et beaucoup plus forts ; mais je fus surpris de leur voir le bec en partie cassé, ce qui provenait, me dit-il, de ce qu’ils en frappaient trop violemment les poissons qu’on leur jetait sur les rochers de leur enclos ; et c’est un fait que je pus vérifier le jour même. On eut beaucoup de peine à les prendre dans la cour ; et pour les transporter à bord, il fallut leur attacher le bec très serré, de peur qu’ils ne nous fissent du mal. Ils réussirent bien, et dans aucune occasion ne manifestèrent de l’animosité l’un contre l’autre. L’un d’eux qui se promenait par hasard devant la cage où étaient les Hérons cendrés, lança un coup de bec à travers les barreaux et fendit le crâne à un de ces malheureux, qui expira sur-le-champ.

En arrivant à Charlestown, nous en avions encore quatre de vivants. Je les fis porter chez mon ami J. Bachman, qui fut très content de les voir. Il en garda un