Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/363

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des centaines s’enlevaient et planaient sur nos têtes, à une hauteur où il était impossible de les atteindre. Ce n’était que par hasard qu’il en passait à portée, en rasant la cime des arbres. Comme nous nous en revenions, le soir, nous en tirâmes un qui volait très haut ; il tomba, ayant seulement le fouet de l’aile cassé. Nous le prîmes et le posâmes par terre, dans un étroit sentier, et aussitôt il partit en courant devant nous, presque jusqu’à la maison du gouverneur ; c’est ainsi qu’on appelait le capitaine Franckland. Il ne fit pas de résistance, mais mordait cruellement, et de temps à autre se couchait pour se reposer quelques instants. Il marchait assez vite pour nous précéder de plusieurs pas, sans jamais cesser de crier ; une fois il s’élança hors du sentier, à l’improviste, et fut sur le point de nous échapper.

Leur aile est aussi puissante que celle du grand Goëland ; mais ils volent avec plus d’aisance et plus de grâce. Tant que dure la saison des amours, leurs évolutions aériennes offrent un spectacle que l’on aime à contempler : à une hauteur immense, vous les voyez fendre les airs, en décrivant de larges cercles ; puis ils redescendent, en curieux zigzags jusqu’au sommet des arbres, ou près de la surface de la mer. Quand ils poursuivent le poisson, ils dardent en lignes courbes, avec une extrême rapidité, se mettent soudain à tournoyer lorsqu’ils sont au-dessus de leur proie, et tombent sur elle comme un trait. Dans leurs grands voyages, ils passent indifféremment par-dessus la terre ou sur l’eau ; mais d’habitude à une hauteur considérable. — Leur nourriture se compose principalement de harengs