Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/364

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dont ils font de grandes destructions ; de là vient qu’on les appelle aussi Goëlands des harengs. Ils mangent, en outre, d’autres poissons de moindre taille, des crevettes, des crabes, des crustacés, même de jeunes oiseaux, de petits quadrupèdes, et sucent tous les œufs qu’ils peuvent trouver. Je vis les rochers des îles où ils nichent couverts d’oursins de mer hérissés de courtes épines grisâtres qui leur donnent l’apparence d’une boule de mousse. Dans les eaux basses, les Goëlands se jettent sur ces animaux et percent de leur bec la coquille, dont ils aspirent le contenu. Ils savent aussi très bien les lancer en l’air et les faire tomber sur les rochers pour qu’ils s’y brisent. Nous en vîmes un qui s’était attaqué à une moule très dure, la jeter ainsi trois fois de suite, sans parvenir à ses fins ; et nous prenions, à cette petite scène, un intérêt d’autant plus vif, qu’à chaque fois l’oiseau la laissait retomber d’une plus grande hauteur. Ils semblent avoir certaines heures pour aller pêcher à la mer ; du moins nous remarquâmes qu’ils partaient dès que les flots commençaient à se retirer, pour revenir au rivage avec la marée montante.

Dans les premiers temps, les jeunes ne sont nourris que de crevettes et autres petits crustacés que les parents ramassent sur les bancs de sable, au long des bords. Ils ont, à ce moment, tout le dessus du corps d’une nuance de rouille foncée, et conservent en partie cette couleur quand ils deviennent adultes, sauf que les plumes sont bordées de gris ou de brun clair. Les pieds et les jambes sont d’un bleu verdâtre, tirant sur le pourpre ; le bec est sombre ou presque noir. Au prin-