Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/388

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distance de plusieurs centaines de mètres, de façon qu’ils s’approchent à quelques pieds de la terre. Pour cela, on choisit un lieu où on les ait auparavant laissés vivre assez tranquilles et où ils se tiennent habituellement à trois ou quatre cents mètres du bord, dont ils peuvent d’ailleurs approcher jusqu’à cinquante ou soixante pas ; ce qu’au reste ils ne font jamais que lorsqu’ils ont la facilité d’y nager librement. Plus la marée est haute et le temps serein, plus on a de chance de réussir, car alors ils sont moins éloignés de la rive et voient plus distinctement. La plupart des gens qui habitent ces côtes élèvent une petite race de chiens blancs ou argentés, qu’on désigne familièrement dans le pays sous le nom d’appeleurs, et qui, je crois, sont tout bonnement des barbets communs. Ces chiens sont très vifs, aiment beaucoup à jouer, et on leur apprend à courir çà et là sur le rivage, en vue des Canards, soit à un simple mouvement de la main, soit en leur jetant des morceaux de bois de côté et d’autre. Bientôt ils comprennent parfaitement ce qu’on leur demande ; et quand ils voient que les Canards commencent à venir, ils font leurs sauts et leurs gambades moins haut, et finissent même par ramper, de peur que ces oiseaux ne découvrent quel est l’objet qui excite ainsi leur curiosité. On a aussi mis à profit cette disposition qui les pousse à s’approcher pour reconnaître ce qui leur paraît singulier, en agitant devant eux un mouchoir noir ou rouge dans le jour et blanc pendant la nuit, ou même en battant doucement l’eau au long des bords. Les Canards qui s’en trouvent les plus voisins sont d’abord