Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/389

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

frappés de cette étrange apparition ; ils lèvent la tête, regardent avec grande attention pendant quelques instants, puis se dirigent vers le lieu d’où vient l’objet, suivis de toute la bande. En maintes occasions, j’en ai vu des milliers qui nageaient ainsi en masse compacte pour gagner le rivage ; et à mesure que le chien recule parmi les herbes, ils s’avancent quelquefois jusqu’à moins de quinze pieds. Enfin, quand ils sont arrivés assez près, en général leur curiosité est satisfaite, et après avoir couru quelques bordées de droite et de gauche, ils rétrogradent et s’en retournent à leur première station. Le bon moment pour le chasseur, c’est quand ils présentent le flanc, et il peut alors en tuer une cinquantaine, même avec un petit fusil. Celui qui vient ordinairement le premier est le millouinan, ensuite le millouin, puis le Canard de la Vallisnérie. Le dernier de tous est le jensen, et encore ne se décide-t-il que bien difficilement. C’est aussi dans cet ordre qu’ils s’approchent des pointes en volant ; mais quand une fois le Canard de la Vallisnérie a pris sa direction, il ne s’en laisse pas aisément détourner. Dans ces moments-là vous n’avez pas besoin de vous cacher ; les Canards ne s’effrayent nullement, et la vue même d’un grand feu ne pourra les arrêter. Les jensens nuisent beaucoup quand on veut en tuer d’autres au vol : ils sont si défiants, que non-seulement ils évitent les pointes pour eux-mêmes, mais par leurs sifflements et le trouble de leurs évolutions ils donnent l’alarme à ceux qui les accompagnent.

» On se croirait, n’est-ce pas, très sûr de son coup, quand il ne s’agit que de tirer au milieu d’une masse