Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/412

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grossit avec l’âge, et probablement ils s’en servent comme d’une arme, pour la défense ou pour l’attaque, dans les combats qu’ils livrent à leurs rivaux, quand vient la saison des amours.

Le nombre de petits poissons que consomme un seul de ces oiseaux vous semblera, comme à moi, véritablement extraordinaire. Un jour, on en tua un qui passait au-dessus de la maison du général Hernandez, à sa plantation de la Floride-Orientale. Il n’était pas encore adulte, et paraissait avoir au plus dix-huit mois. Nous l’ouvrîmes et lui trouvâmes dans l’estomac plusieurs centaines de poissons de la grosseur du vairon commun. J’en ai ouvert bon nombre d’autres, et en diverses occasions ; mais jamais leur estomac ne contenait de poissons de la taille de ceux dont se nourrit habituellement le Pélican brun. Ce dernier, qui plonge en volant après la proie, doit en effet en prendre de plus gros que l’autre, qui ne sait que les poursuivre en nageant.

Ce bel oiseau — car, lecteur, ce sont réellement de beaux oiseaux, et vous diriez comme moi, si vous pouviez les contempler sur l’eau, dans toute la blancheur et la propreté de leur plumage — ce bel oiseau porte sa crête largement étalée et comme partagée en deux à partir du milieu de la tête. Le brillant de ses yeux me paraissait égaler l’éclat du plus pur diamant ; dans la saison des amours ou bien au printemps, le rouge orangé de ses pattes et de ses pieds, ainsi que celui de son bec et de sa poche, présente des nuances étonnamment riches, mais qui en automne deviennent plus pâles. Sa chair est coriace et nauséabonde, avec un fort goût de poisson,