Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/418

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leur subite apparition me causait une sorte de surprise. Aussi les Florides leur conviennent-elles particulièrement : là, les eaux croupissantes des rivières, des bayous et des lacs sont abondamment fournies de poissons, de reptiles et d’insectes ; et au milieu d’une température qui leur est favorable en toute saison, ils jouissent d’une paix et d’une sécurité qu’ils ne trouveraient nulle part ailleurs. Partout où de semblables conditions sont réunies, on est sûr de rencontrer les Anhingas, en nombre proportionné à l’étendue des lieux. Presque jamais on n’en voit sur des courants rapides, moins encore sur des eaux claires ; et dans toutes mes excursions, je n’ai noté qu’un seul exemple de ce cas. Mais remarquez bien ceci : en quelque endroit que vous rencontriez cet oiseau, toujours vous reconnaîtrez qu’il s’est ménagé les moyens de s’échapper. Jamais, en effet, vous n’en verrez sur un marais ou un étang complétement entouré par de grands arbres, de façon que la retraite leur soit fermée ; ils choisiront bien plutôt quelque marais impénétrable et profond, du milieu duquel s’élève un bouquet d’arbres, pour pouvoir, de dessus les hautes branches, observer facilement les approches de l’ennemi et prendre la fuite à temps. Différent en cela de l’orfraie et du roi pêcheur, l’Anhinga n’a pas pour habitude de fondre sur sa proie, de quelque point culminant ; mais parfois il se laisse glisser, en silence, de sa perche dans l’eau, et c’est sans doute ce qui aura induit certains naturalistes en erreur.

Le Dardeur à ventre noir (je veux varier ses noms, pour éviter des répétitions fastidieuses), le Dardeur à