Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/419

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ventre noir peut être considéré comme vivant dans un état habituel de société, mais composée d’un nombre d’individus très variable. C’est ainsi qu’en certains temps, surtout l’hiver, on peut en voir des troupes de huit ou plus, et d’autres fois, de deux seulement, comme dans la saison des amours. Dans l’intérieur des parties les plus méridionales de la Floride, il m’est arrivé, quoique rarement, d’en apercevoir une trentaine réunis sur le même lac ; et pendant que j’explorais sur toute sa longueur la rivière Saint-Jean, j’en rencontrai, à diverses reprises, plusieurs centaines qui se tenaient ensemble. J’en tuai des quantités sur cette même rivière ainsi que sur les lacs du voisinage et ceux qui entourent la plantation de M. Bulow, dans la partie Est de la Péninsule. Je dois noter encore que, dans cette espèce, comme parmi les cormorans, les hérons et beaucoup d’autres oiseaux, les jeunes restent séparés des vieux, qu’ils ne rejoignent qu’au printemps suivant, lorsqu’ils ont eux-mêmes toutes leurs plumes.

L’Anhinga est un oiseau entièrement diurne, et, comme le cormoran, il aime quand on ne l’y tracasse pas, à revenir, chaque soir, vers la brune, au même perchoir. J’en voyais souvent de trois à sept se poser, pour la nuit, sur la cime dépouillée d’un grand arbre, et cela durait plusieurs semaines ; mais quand j’en avais tué ou blessé quelques-uns, le reste abandonnait la place ; et après de furieux combats avec une autre troupe qui perchait à environ deux milles de là, ils finissaient par s’établir au milieu d’elle. Dans ce cas, ils ne se tiennent pas près l’un de l’autre, ainsi que font