Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/421

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parts encombraient les bords. Je résolus, en conséquence, de pagayer droit à eux, accompagné de mon fidèle et sagace Terre-Neuve. En me voyant approcher, les Anhingas s’envolèrent vers les parties hautes du bayou ; et comme je savais qu’ils ne reviendraient peut-être pas de plusieurs heures, j’expédiai un canot après eux, avec ordre aux nègres de faire partir tous ceux qu’ils apercevraient. Tirant alors ma petite barque parmi les roseaux, je m’y établis moi-même, et les yeux constamment fixés sur l’arbre, mon fusil prêt, j’attendis. J’étais là depuis quelque temps, lorsqu’un de ces beaux oiseaux vint se poser au-dessus de ma tête, regardant autour de lui, si tout allait bien. Le malheureux ! Il ne soupçonnait pas le danger. Je lui accordai un instant de répit, pour l’observer dans ses mouvements ; puis je tirai, et il tomba lourdement sur l’eau. Le bruit de mon coup de fusil, répété par les échos, effraya les autres oiseaux aux alentours ; et en regardant par en haut et par en bas du bayou, je vis plusieurs Anhingas qui fuyaient en toute hâte dans des directions opposées. Mon chien, obéissant comme le plus soumis des serviteurs, ne bougeait jamais qu’à mon ordre ; je lui fis signe : il entra doucement dans l’eau, nagea vers l’oiseau mort, et revint se coucher à mes pieds. De ma cachette je tuai, en un seul jour, quatorze Anhingas et en blessai plusieurs autres. Tous les arbres où je les ai vus se percher ainsi étaient constamment au-dessus de l’eau, soit sur le rivage ou au milieu de quelque marais stagnant ; c’est là aussi qu’ils se retirent après s’être repus, et ils semblent choisir