Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/422

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cette position pour pouvoir jouir, au matin, des premiers rayons du soleil, ou se réchauffer à l’éclatante splendeur de son midi, comme aussi pour mieux distinguer l’approche de leurs ennemis. En sentinelle sur ces hautes cimes et se fiant à leurs yeux brillants, qui découvrent de loin les fils maraudeurs de la forêt ou la venue non moins dangereuse de quelque amateur enthousiaste comme vous ou moi, les Anhingas se tiennent droits, les ailes et la queue tantôt grandes ouvertes, tantôt en partie seulement étendues au soleil. Leur cou effilé se fléchit et se tortille par un mouvement des plus singuliers, et leur tête darde dans toutes les directions, tandis que le bec reste bâillant, et que l’intensité de la chaleur fait se relâcher et pendre la large poche qu’ils ont sous la gorge. Qu’un pareil spectacle était, pour moi, rempli d’intérêt ; avec quelle inquiétude et quelle ardeur je me glissais vers ces oiseaux, pour les étudier de plus près, tout en sentant se rafraîchir mon corps brûlé par le soleil, et laissant derrière moi des nuées de cousins et de moustiques affamés qui me dévoraient ; mais surtout, quel bonheur lorsque, après avoir plusieurs fois manqué mon coup, je pouvais ramasser enfin l’oiseau depuis si longtemps désiré et m’en revenir au rivage, pour inscrire mes observations sur mon album ! C’est avec un bien vif plaisir aussi que je vous transmets ces résultats d’une expérience toute personnelle, appuyés des notes que m’a fournies, sur le même sujet, mon excellent ami le docteur Bachman.

Wilson, je suis tenté de le croire, n’a jamais vu