Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/436

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Saint-Jean, et nous étions arrivés en ramant dans un bassin circulaire dont les eaux claires et peu profondes dormaient sur un lit sablonneux. Ces bas-fonds, assez fréquents dans ces parages, sont produits par les pluies du printemps qui roulent le sable des hauteurs jusque dans les rivières bourbeuses et dans les lacs. Nous ne pûmes pénétrer dans cette espèce de petite baie qu’en passant entre les branches des arbres qui traînaient à fleur d’eau, tandis que d’autres, à une immense hauteur, s’étendaient au-dessus de notre tête. En levant les yeux, j’aperçus une femelle d’Anhinga perchée sur le bord opposé de la crique ; et comme je ne me souciais pas de la tuer, nous continuâmes à ramer tranquillement vers elle. Mais déjà son œil vigilant nous avait vus, et commençant à avancer la tête, elle s’était mise à regarder de tous côtés, attentive à ne perdre aucun de nos mouvements. Je le répète, la place était étroite et entourée d’arbres très hauts ; et bien qu’elle eût pu prendre son vol et s’échapper, elle persistait à demeurer au bout de sa branche, mais évidemment inquiète et sur ses gardes. Enfin, quand le bateau n’en fut plus qu’à une courte distance, elle se rejeta subitement en arrière, fit le saut périlleux à couvert sous les branchages, piqua droit vers l’épaisse forêt et bientôt disparut à nos regards. Je n’avais encore jamais vu d’oiseau de cette espèce s’enfuir à travers les bois.

Je laisse maintenant parler mon ami John Bachman qui va nous décrire un de ces lieux dans lesquels les Oiseaux-serpents aiment à revenir nicher chaque