Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/443

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la fuite à toutes jambes, pour regagner le domicile où l’Anhinga arriva sur leurs talons. Heureusement que quelques personnes le reconnurent, et on me le renvoya. Pour éviter de nouvelles escapades et craignant de le perdre, je lui rognai le bout d’une aile. »

J’ai moi-même vu cet oiseau à Charleston, chez mon ami, dans l’hiver de 1836. Il fut tué par un magnifique chien de chasse[1] que m’avait donné le comte de Derby ; sa mort nous fit d’autant plus de peine, que Bachman me l’avait remis tout exprès pour l’envoyer au noble lord.

J’ai eu toute facilité pour étudier l’Anhinga, et j’ai toujours trouvé, dans sa forme comme dans ses habitudes, la plus étroite analogie avec celles du cormoran. De là m’est venu l’idée d’établir entre eux un parallèle. Sous certains rapports, ils m’ont paru semblables ; à d’autres égards, différents. Mais ayant découvert chez ces deux oiseaux une même singularité de structure, en ce qui touche les plumes, j’ai cru pouvoir conclure à leur affinité générique : l’Anhinga a le corps et le cou recouverts de ce que j’appellerai des plumes fibreuses, avec une tige presque nulle ; tandis que les tuyaux et les plumes de la queue sont compactes, c’est-à-dire, d’une conformation parfaite, forts et élastiques. Ce qui est ici le plus remarquable, c’est que les tiges de ces dernières plumes sont tubulaires, depuis la base jusqu’à leur dernière extrémité, ce que je n’ai vu dans aucun

  1. To retrieve. C’est le chien exclusivement destiné à retrouver le gibier, après le coup de fusil.