Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/446

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marais[1] qui l’avaient envahi jusqu’à une certaine distance des rives ; vers le centre se trouvaient les îlots longs de huit à dix verges et disposés en ligne. Je me frayai un passage à travers les joncs, et entrai dans l’eau qui n’avait que quelques pouces de profondeur ; mais la vase me montait au-dessus du genou. Tandis que j’avançais ainsi avec précaution vers l’îlot le plus voisin, les quatre oiseaux ne cessaient de voltiger et de crier ; parfois ils plongeaient du haut des airs en m’effleurant presque de leurs ailes, pour m’exprimer le déplaisir et l’inquiétude qu’ils éprouvaient de mon importune visite. J’avais grande envie d’en tuer ; mais auparavant je voulais étudier leurs mœurs de près, et quand j’eus bien cherché sur les différents îlots, où je découvris trois nids avec des œufs, et une femelle ayant des petits, je revins prendre mon cheval et continuai ma route vers Vincennes qui n’était qu’à deux milles de là. Le lendemain, avant le soleil levant, j’étais soigneusement blotti parmi les joncs d’où j’avais vue sur tout le marais. Au bout d’une heure environ les mâles cessèrent de voler autour de moi pour se remettre à leurs occupations habituelles, et je pus noter les particularités suivantes :

En se posant soit par terre, soit sur l’eau, l’Avocette tient encore un moment ses ailes relevées, jusqu’à ce qu’elle ait bien pris son équilibre. Quand c’est sur l’eau, elle se balance la tête et le cou pendant quelques minutes, un peu comme fait le chevalier criard ; après quoi, elle part pour chercher sa nourriture, marchant

  1. Bull-rushes (Scirpus palustris), de la famille des Cypéracées.