Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/448

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dant qu’il vole. Du reste, elles sont aussi très adroites à prendre les insectes en l’air, et pour courir plus vite en les poursuivant, elles s’aident de leurs ailes qu’elles ouvrent à moitié.

Je passai de cette manière près d’une heure à les observer, et je les vis toutes s’envoler vers les îlots où étaient les femelles, en criant d’une façon particulière et plus fort que d’habitude. Les différents couples semblaient se féliciter l’un l’autre, et se témoigner leur joie par des gestes bizarres. Alors, celles qui étaient à couver cédèrent la place à leurs compagnes, et se rendirent elles-mêmes à l’étang où elles se lavèrent et se baignèrent, comme si elles eussent été tourmentées par la chaleur ou les insectes ; après quoi, elles se mirent à chercher pâture. — Mais, lecteur, veuillez attendre un moment, que j’expédie moi-même mon modeste déjeuner.

Vers onze heures, la chaleur était devenue intense, et les Avocettes cessèrent de travailler pour se retirer à l’ombre sur diverses parties de l’étang. Là, elles firent avec soin leur toilette, puis ramenant la tête à ras des épaules, se tinrent pendant près d’une heure immobiles, silencieuses et comme endormies. Enfin s’étant secoué brusquement tout le corps, elles s’enlevèrent à une hauteur de trente ou quarante mètres, et partirent toutes à la fois dans la direction du Wabash.

Maintenant, je voulais voir un de ces oiseaux sur son nid. Je quittai donc ma cachette, et lentement, sans faire de bruit, je m’avançai vers le premier îlot où je savais qu’il y en avait un. La veille au soir, en effet,