Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/450

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courant, en culbutant, puis s’envole avec des cris de colère et d’inquiétude que tout homme, pour peu qu’il ait d’intelligence et de cœur, n’entendra jamais sans en être ému.

Cependant l’alarme est donnée, l’oiseau plein d’angoisse, s’en va çà et là en agitant péniblement ses ailes au-dessus du marécage ; tantôt il se débat à la surface, comme prêt à mourir, tantôt il se traîne en boitant pour m’attirer après lui et sauver ses œufs. Ce que je ne savais pas encore, c’est que les oiseaux qui vivent en société pussent, en poussant des cris d’alarme, engager les autres camarades qui couvent à quitter leur nid, pour se joindre à eux et tâcher, par de communs efforts, de sauver la colonie. C’est pourtant ce que je vis faire aux Avocettes ; car deux des autres femelles s’enlevèrent immédiatement et volèrent droit sur moi, tandis que la dernière, avec ses quatre petits, gagnait l’eau et se sauvait au plus vite, suivie de sa progéniture qui jouait des pattes et nageait non moins prestement que des canetons de la même taille.

J’ignore jusqu’à quelle distance ces cris de l’Avocette peuvent être entendus ; mais ce que je puis dire, c’est que quelques minutes après cette scène, les autres individus que j’avais vus s’envoler dans la direction du Wabash, étaient de retour et planaient au-dessus de ma tête.

De cette manière, ayant obtenu les renseignements que je désirais relativement aux mœurs de ces oiseaux, j’en tuai cinq, parmi lesquels malheureusement il se trouva trois femelles.