Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/468

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se contentent de gratter la terre à quelques pouces de profondeur ; et autour de cette excavation ils entrelacent assez proprement, en forme de bourrelet, des herbes marines et d’autres débris, jusqu’à une hauteur de huit à dix pouces. Chaque femelle ne pond qu’un œuf, d’un blanc pur et de la grosseur d’un bel œuf de poule. Quand les petits viennent d’éclore, ils sont d’un noir bleuâtre, et pendant une quinzaine ou plus leur peau ressemble à celle du chien de mer. Peu à peu, ils se revêtent d’un duvet blanc ; et quand ils ont six semaines, on dirait, à les voir, un gros rouleau de laine cardée. »

Ce rapport de notre pilote me satisfit d’autant plus, que moi-même avec ma lunette j’avais remarqué l’alignement, en effet très régulier, de leurs nids, et vu plusieurs de ces oiseaux occupés à creuser la terre avec leur bec, en même temps que des centaines d’autres charriaient des masses de cette longue herbe marine qu’on appelle herbe à l’anguille, et qu’ils semblent aller chercher du côté des îles de la Madeleine. Tant que le Ripley fut à l’ancre près du roc, des troupes de Fous ne cessèrent de voler au-dessus de nos têtes ; et bien que j’en eusse tiré plusieurs qui tombèrent à l’eau, ni le bruit du fusil ni la vue de leurs compagnons morts ne semblaient faire la moindre impression sur eux.

Quelques-uns de ceux qu’on avait apportés à bord pesaient un peu plus de sept livres ; mais M. Godwin me dit que les jeunes, quand ils sont sur le point de quitter le nid, en pèsent huit et souvent neuf. C’est ce que je vérifiai moi-même par la suite ; et j’attribue cette différence à l’énorme quantité de nourriture que leur