Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/488

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dirigeant ses pas vers la montagne, le voit apparaître avec joie ; et le pêcheur patient qui promène, en rêvant, sa ligne à la surface de l’étang profond, ne peut s’empêcher de sourire, lorsqu’il aperçoit ce petit camarade, fin pêcheur, comme lui, et dont les singuliers mouvements ont si souvent attiré son attention. Ajoutez cette curieuse organisation qui lui fait chercher sa nourriture au fond de l’eau, bien que par sa forme et sa structure, il soit allié aux grives, aux troglodytes et autres oiseaux de terre, et vous comprendrez tout l’intérêt qu’il inspire aux naturalistes. Plus d’une fois leur sagacité s’est exercée pour tâcher d’expliquer son mode de progression au sein de cet élément ; mais très peu, je dois le dire, ont basé leurs conjectures sur l’observation des faits. Dans ces derniers temps, les propriétaires, voire même leurs intendants, trop occupés d’autres affaires pour chercher à s’assurer par leurs propres yeux, et s’en remettant aux rapports de personnes ignorantes ou prévenues, n’ont pas craint de donner l’ordre à leurs gardes-chasse et à leurs bergers de détruire la charmante et mélodieuse créature, partout où ils la trouveraient, sous prétexte qu’elle détruit elle-même les œufs et le frai du saumon !

» On s’imagine bien que, dans le cours de mes pérégrinations, cet oiseau n’a pas manqué d’exciter ma curiosité d’une façon toute particulière. Je l’ai observé avec soin ; et de tout ce que j’ai écrit sur les oiseaux, son histoire que je trace ici est peut-être celle qui laisse le moins à désirer.

» D’habitude on le rencontre le long des petits cours