Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/490

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celui du roi-pêcheur se composant de coups d’aile vifs, réguliers que cet oiseau donne, sans intervalles ; et jamais ne plane. Il se perche sur des pierres, des fragments de rocher qui se projettent au bord des ruisseaux, ou bien au milieu même de l’eau ; et on le voit, par un mouvement brusque et fréquent, incliner la gorge en bas et fouetter de la queue, à peu près comme le cul-blanc, le traquet, ou mieux encore, comme le troglodyte. Ses jambes sont ployées, son cou rentré, et ses ailes légèrement tombantes. Il plonge dans l’eau, s’y enfonce, sans craindre la force du courant contre lequel, en général, il se dirige, et s’avance ainsi au-dessous de la surface, souvent avec une rapidité étonnante. Cependant il ne tombe pas de haut, la tête la première, comme fait le roi-pêcheur, le sterne ou le fou ; mais il entre dans l’eau en marchant, ou se pose dessus ; et c’est alors seulement qu’il plonge, à la manière d’un macareux ou d’un guillemot ; puis, ouvrant à moitié les ailes, il disparaît avec une agilité, une prestesse qui prouvent combien il est heureusement doué pour cette étrange manœuvre. Je l’ai vu se mouvoir, sous l’eau, dans des positions qui me permettaient de le contempler à mon aise ; et je reconnaissais bientôt que son mode d’action était alors exactement semblable à celui des plongeons, harles et cormorans que maintes fois j’avais observés d’une éminence, pendant qu’ils poursuivaient des bancs d’ammodytes sur les rivages sablonneux des Hébrides. On peut dire en réalité qu’à ce moment il vole, puisqu’il fait usage de ses ailes, non-seulement à partir de la jointure du carpe, mais