Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/491

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en les employant dans toute leur étendue, exactement comme s’il avançait au sein des airs. Dans ce mouvement, son corps est d’habitude penché en avant ; et sans doute il lui faut dépenser une grande force pour contre-balancer les effets de la gravité, car il ne peut que très difficilement se maintenir au fond ; et on le voit revenir à la surface, comme du liége, dès qu’il se relâche un instant de ses efforts. Montagu a parfaitement décrit ce singulier spectacle, lorsqu’il dit : Une ou deux fois j’ai été bien placé pour l’examiner sous l’eau, et je l’ai vu s’y démener de çà et là, d’une façon très extraordinaire, ayant la tête en bas, comme s’il picotait quelque chose, en même temps qu’il se donnait un violent exercice et faisait aller les ailes et les jambes à la fois. Cependant tout ce mouvement ne lui est habituel que lorsqu’il lutte contre un fort courant ; et l’œil alors est véritablement charmé de le suivre, au milieu des teintes brillantes et variées que multiplie autour de lui l’inégalité de réfraction des diverses couches du liquide. Lorsqu’il cherche sa nourriture, il ne va pas loin sous l’eau : d’abord il se pose sur quelque point qui fait saillie, ensuite s’enfonce, reparaît bientôt tout près de là et plonge encore ; ou bien il prend sa volée, pour aller fouiller une autre partie de la rivière ou s’abattre sur une pierre. Souvent vous le voyez qui, du haut de quelque gros caillou, fait de courtes excursions à travers l’eau. Il part d’un air vif, en courant, mais sans précipitation, et l’instant d’après sa tête se lève en barbotant à la surface, et il regagne son poste à la nage ou à gué. Quant à cette assertion de certaines per-