Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

magnifiques. Comme tout est calme et silencieux ! quelle scène grandiose ! il marche si doucement l’oiseau aux longues jambes, qu’on ne l’entend même pas, tandis qu’il foule la vase avec précaution, restant un moment suspendu sur un pied à chaque pas qu’il fait. Maintenant, de ses yeux d’or, il passe en revue les objets aux environs ; et facilement il peut les inspecter, quand il allonge ainsi son cou souple et gracieux. N’ayant rien aperçu qui lui porte ombrage, il se rassure ; lentement sa tête redescend entre ses deux épaules, les plumes de sa gorge retombent et flottent, et plein de résignation et de patience, il attend le poisson dont il veut faire sa proie. À le voir, à présent, si complétement immobile, ne diriez-vous pas qu’il est pétrifié ? Mais il a fait un mouvement ; il lève une jambe et s’avance en redoublant de précaution ; peu à peu sa tête se redresse ; il s’apprête… Ah ! quel coup ! dardant son bec formidable, il vient de transpercer une perche qu’il achève en la battant contre le sol ; mais le difficile est de l’avaler. Voyez quels efforts, et comme il distend son large gosier ! À la fin pourtant, il déploie ses vastes ailes, et s’envole tranquillement pour chercher un autre poste, ou peut-être pour se dérober à son importun observateur.

La Grue bleue (c’est le nom par lequel cet oiseau est généralement désigné en Amérique) se rencontre dans toutes les parties de l’Union. Quoique plus abondante sur les basses terres de nos côtes de l’Atlantique, elle n’est cependant pas rare à l’ouest des monts Alléghanys. Bien connue, de la Louisiane au Maine, on ne la trouve pas souvent, à l’est, plus loin que l’île du Prince-