Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/66

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Édouard, dans le golfe de Saint-Laurent ; et pendant mes longs voyages, je n’ai eu connaissance par moi-même, ni entendu parler d’aucune espèce de Héron, soit à Terre-Neuve, soit au Labrador. Vers l’ouest, je crois qu’elle atteint jusqu’au pied des montagnes Rocheuses. C’est un oiseau robuste, capable de résister à des températures extrêmes, et qui semble être, dans sa tribu, ce qu’est le pigeon voyageur dans la famille des colombes. Au moment le plus rigoureux de l’hiver, on trouve le Héron bleu dans le Massachusetts et le Maine, où il travaille à se procurer de la nourriture près de quelque source chaude, ou sur les bords des étangs. Au sud et à l’ouest de la Pensylvanie, il en vient beaucoup plus que dans les États du centre, parce qu’ici probablement, à ces oiseaux, on fait trop la guerre.

Excessivement farouches et défiants, ils sont sans cesse sur le qui-vive. Aucun faucon n’a l’œil aussi perçant, et ils entendent à des distances considérables ; de sorte qu’ils peuvent distinguer clairement ce qu’ils voient, et juger avec précision des différents bruits qui leur arrivent. À moins de circonstances très favorables, c’est en vain qu’on cherche à les approcher. Par hasard, vous pourrez en surprendre un pendant qu’il ne songe qu’à chercher sa proie au long de quelque crique profonde, ou bien lui envoyer un coup de fusil lorsqu’il vous passe à l’improviste sur la tête ; mais n’essayez pas de marcher vers lui. J’en ai vu qui s’envolaient dès qu’un homme paraissait à moins d’un demi-mille ; et la simple détonation d’une arme à feu les fait fuir d’une distance telle, qu’on croirait qu’à peine ils ont pu l’entendre.