Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/71

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ver, et, trop faibles encore pour se soutenir, dégringolent et font rejaillir l’eau fétide qui vous éclabousse ; une pluie de feuilles piquantes comme des aiguilles descend en tourbillons du haut des arbres, et vous ne demandez plus qu’à fuir… Courage ! au contraire ; restez ferme au poste pour tirer des hérons, et tirez, tirez ! le gibier ne vous manquera pas ; vous en aurez de plus d’une espèce : grand héron bleu, héron blanc, et quelquefois des hérons de nuit et des anhingas. Si on ne leur fait pas une guerre trop cruelle, tous ils reviendront nicher d’année en année dans ces tristes lieux, où ils se plaisent.

Le nid est toujours large et plat, extérieurement formé de bûchettes, avec lesquelles sont entrelacées, sur une épaisseur considérable, des herbes et de la mousse. Quelquefois on en trouve plusieurs ensemble sur le même arbre, quand il est touffu et à la convenance de ces oiseaux. Il contient trois œufs au plus ; je n’ai pas souvenir d’y en avoir jamais vu davantage, et il en est constamment de même pour toutes les grosses espèces que je connais, depuis le héron bleu jusqu’au héron occidental[1] ; mais les espèces inférieures en pondent d’autant plus qu’elles sont plus petites. Le héron de la Louisiane en pond fréquemment quatre, le héron vert cinq et parfois six. Ceux du grand Héron bleu sont très petits comparés à la taille de l’oiseau ; ils n’ont que deux pouces et demi de long sur un pouce et

  1. Héron blanc, ou grande aigrette.