Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/81

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importants pour nous ; nous savions parfaitement que l’Ohio nourrissait trois espèces de chats marins, toutes assez bonnes ; mais nous n’étions pas encore fixés sur la meilleure méthode pour les prendre. Néanmoins, nous résolûmes de travailler en grand, et sur-le-champ nous nous mîmes à fabriquer une ligne dormante. Ici sans doute, un mot d’explication devient nécessaire.

La ligne dormante n’est autre chose qu’une corde longue et grosse, en proportion toutefois de l’étendue du cours d’eau et de la taille du poisson auquel vous la destinez. Comme l’Ohio, à Henderson, est large d’au moins un demi-mille, et que les Chats marins pèsent depuis une jusqu’à cent livres, nous confectionnâmes une ligne qui pouvait avoir deux cents mètres de long, grosse comme le petit doigt d’une belle jeune fille de quinze ans, et aussi blanche que puisse l’être la main mignonne de la charmante enfant. Nous l’avions faite tout entière de coton du Kentucky, parce qu’il résiste mieux à l’eau que le chanvre ou le lin. La principale ligne achevée, nous en préparâmes une centaine de beaucoup plus petites, à chacune desquelles nous attachâmes un excellent hameçon de Kirby et Cie. Passons maintenant à l’appât.

Nous étions au mois de mai ; la nature avait fait renaître une multitude de petits animaux qui couvraient la terre, fendaient les ondes et bourdonnaient au milieu des airs. Le Chat marin, par tempérament, est très glouton, et nullement difficile sur le choix de ses morceaux. Comme le vautour, il se contente de charogne, quand il n’a rien de mieux. Après quelques