Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/85

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Mais déjà voici le soir ; les étoiles commencent à scintiller au firmament, et cependant l’astre du jour vient à peine de disparaître. Quel calme dans l’air ! les insectes et les quadrupèdes nocturnes sont sortis de leurs retraites ; l’ours songe à se mettre en mouvement au travers de l’obscure cannaie, la corneille regagne son perchoir, l’écureuil fait entendre son petit sifflement d’adieu, et le hibou, glissant silencieux et léger, tombe à l’improviste sur l’innocent animal, dont il interrompt les joyeux ébats. — Vite à notre bateau ! nous poussons au large ; bientôt la grosse ligne est dans ma main ; je sens des secousses : il faut qu’il y ait quelque chose de pris ! J’amène le premier hameçon, rien ! les secousses redoublent, les hameçons se succèdent… rien encore ! Ah ! quel magnifique Chat marin est entortillé autour de cette petite ligne ! Nathan, un bon coup de gaffe ! et harponne-le-moi près de la queue ; ne lâche pas, mon garçon ; enlève-le ! Bien ! maintenant nous le tenons. On continue de tirer la ligne ; et quand nous sommes au bout, plus d’un beau poisson a fait le saut dans notre bateau. Alors on met de nouvelles amorces et l’on s’en revient, en se félicitant de cette heureuse pêche, car il y en a pour nous régaler nous et nos voisins.

Dans ce temps-là, à Henderson, j’aurais pu laisser ma ligne à l’eau toute une semaine, sans que rien la dérangeât. La navigation s’effectuait presque toute par le moyen de bateaux plats qui, durant les nuits sereines, s’en allaient flottant au milieu de la rivière, de façon que les gens du bord ne pouvaient voir le poisson qui